Homélies de Noël
Abbé Jean Compazieu | 14 décembre 2020Nuit de Noël
Textes bibliques : Lire
Tout au long de l’Avent, la liturgie nous a parlé de la venue de Jésus. Cette bonne nouvelle était annoncée depuis plusieurs siècles à un “peuple qui marchait dans les ténèbres”. Ces ténèbres, c’étaient celles de l’exil et de l’oppression étrangère. Cela avait duré 50 ans. Le message de Noël dans les ténèbres qui marquent douloureusement la vie de notre monde, celles du terrorisme et de la violence mais aussi celles de la maladie et de la solitude.
La bonne nouvelle c’est que Dieu ne nous abandonne pas. Il vient à nous. Il vient “nous rendre espoir et nous sauver”. Tout au long des Évangiles, nous l’entendons nous parler d’un Dieu qui est Père, un Père qui aime chacun de ses enfants. Il est venu “chercher et sauver ceux qui étaient perdus”. Le vrai Dieu n’a rien à voir avec une religion qui fait massacrer des innocents, des hommes, des femmes et même des enfants. La fête de Noël vient nous rappeler que le vrai Dieu est AMOUR. Il ne sait pas être autre chose. Dans un monde pollué par la haine et la violence, il est celui qui nous apporte la vraie lumière.
Ce Jésus dont nous fêtons la naissance a été annoncé aux bergers. Quand nous faisons la crèche dans nos maisons, nous les mettons en bonne place mais beaucoup ne savent pas trop qui ils étaient. En fait, ils faisaient partie d’une catégorie vraiment méprisée. C’étaient des hommes rustres qui n’avaient pas l’habitude de fréquenter les lieux de culte. À travers eux, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus. Et cela, nous le retrouvons tout au long des Évangiles. Jésus est venu pour nous dire qu’ils ont la première place dans le cœur de Dieu.
C’est vrai, les Évangiles nous rappellent la mission de Jésus après de ceux et celles qui sont accablés par des souffrances de toutes sortes. Il a accueilli tous ceux et celles qui étaient infréquentables à cause de leur mauvaise vie. Il a ouvert la porte de la Lumière à Marie-Madeleine, Zachée, Matthieu le publicain, la femme de Samarie et bien d’autres qui étaient rejetés par la société bien-pensante de l’époque. Avec lui, c’est la victoire de l’AMOUR sur le mal et la mort.
Cette bonne nouvelle n’est pas que pour les gens d’autrefois. Elle est pour tous les hommes de tous les temps. Elle doit être proclamée dans le monde entier, y compris dans les “périphéries”. Des associations s’organisent pour aller vers les plus pauvres, les personnes seules, celles qui sont à la rue, celles qui n’ont pas les moyens de faire la fête. Des messes sont célébrées dans les prisons et les hôpitaux. Le Christ rejoint tous ceux et celles qui sont accablés par la souffrance, la maladie, le deuil, le chômage, les conflits familiaux. Bien sûr, il ne va pas faire un miracle pour résoudre tous nos problèmes. Mais il marche avec nous. Parfois même, il nous porte. Il nous ouvre un chemin d’espérance.
Fêter Noël c’est accueillir cette bonne nouvelle qui vient changer notre vie et celle du monde. Ce Jésus dont nous fêtons la naissance continue à venir. Il frappe à notre porte. Dieu continue à nous envoyer son Fils. En cette nuit de Noël, nous sommes donc invités à l’accueillir, lui donner la première place dans notre vie et faire “tout ce qu’il nous dira.” Avec lui, c’est la joie et l’amour qui entrent dans notre vie. Il veut habiter le cœur des hommes. Alors oui, soyons dans la joie et l’allégresse. Un enfant a dit que “Jésus est le plus beau cadeau de Noël”. Il avait tout compris. Ils sont nombreux dans notre monde ceux et celles qui vont fêter Noël sans penser à cette bonne nouvelle. Tout est prévu, le sapin, les décorations, les cadeaux, le réveillon, mais n’oublions pas Celui qui est à l’origine de ces festivités.
L’Eucharistie qui nous rassemble en cette fête de Noël nous rappelle que le Christ ne cesse de vouloir nous rejoindre. Il continue à vouloir venir chez les siens. C’est un cadeau extraordinaire qui nous est offert à tous, gratuitement et sans mérite de notre part. Avant la communion, nous entendons le prêtre nous dire : “Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.” Ces paroles ne sont pas que pour l’assemblée qui est présente à l’église. Elles sont pour le monde entier. Le Christ ne demande qu’à se donner à tous. Heureux ceux qui ont de cœur de pauvre pour laisser le Christ entrer dans leur vie. En ce temps de Noël, nous le supplions : “Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour”. Amen
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Jour de Noël
Testes bibliques : Lire
Au commencement, était le Verbe…” Commencement, c’est le premier mot de cet Évangile de saint Jean ainsi que celui de saint Marc. Ce mot nous renvoie au premier récit de la Création : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre… (Gn 1, 1) C’est une manière de dire que “le Verbe” est à l’origine de toutes choses. C’est ce que nous proclamons dans la troisième préface du Temps ordinaire : “C’est par ton Fils que tu as créé l’homme et c’est encore par lui que tu en as fait une créature nouvelle”.
En ce jour de Noël, c’est un nouveau “commencement” qui s’annonce : En ce petit enfant qui vient de naître dans des conditions misérables, c’est Dieu qui s’est fait homme. “Il s’est fait mortel, fragile comme nous ; il partagé notre condition humaine excepté le péché, mais il a pris sur lui les nôtres comme s’ils étaient les siens. Il est entré dans notre histoire. Il est devenu pleinement Dieu-avec-nous. La naissance de Jésus nous montre que Dieu a voulu s’unir à chacun de nous, pour nous communiquer sa vie et sa joie”. (Pape François)
Cette naissance du Sauveur n’a pas été annoncée aux grands de ce monde. Pour accueillir un tel message, il faut un cœur de pauvre. Les premiers qui l’ont entendu, ce sont les bergers. Ils passaient la nuit dans les champs à garder leurs troupeaux. C’étaient des pauvres gens qui vivaient comme ils pouvaient avec de pauvres moyens. Et surtout, ils vivaient en marge de la société. Ils ne participaient pas au culte. Aux yeux de la haute société, ils ne comptaient pas. Or voici que l’ange du Seigneur vient leur annoncer cette bonne nouvelle : “Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ; il est le Messie, le Seigneur… Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.” Dès le départ, l’évangile c’est la bonne nouvelle annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus.
Cette bonne nouvelle retentit dans toutes les églises du monde entier : “Aujourd’hui vous est né un Sauveur…” Malheureusement, ils sont nombreux ceux et celles qui ignorent l’origine de cette fête ou qui ne veulent pas en entendre parler. Certains vont même jusqu’à saccager les crèches. D’autres ne pensent qu’à la fête profane : Tout est prévu, le sapin, le réveillon, les guirlandes… Mais on oublie l’essentiel. On oublie que Noël c’est Jésus qui est venu et qui continue à venir pour “chercher et sauver ceux qui étaient perdus.”
Avec les bergers, nous sommes tous invités à nous rendre à la crèche. C’est là que notre Sauveur nous attend. Nous venons nous imprégner de la présence de Celui qui veut naître en nos cœurs. Nous accueillons cette lumière qui est en lui pour qu’elle transforme notre vie. Puis nous sommes envoyés pour la communiquer à tous ceux et celles que nous rencontrerons sur notre route. Cette présence et cet amour de Dieu c’est comme un trésor qu’il nous faut accueillir et partager. Nous ne devons jamais oublier que Noël c’est Jésus qui continue à venir pour nous et pour le monde entier.
Ce Jésus que nous fêtons à Noël est né pauvre parmi les pauvres. Bien plus, il se reconnaît en chacun d’eux. S’il n’y a pas de place pour eux dans notre vie, c’est lui que nous rejetons. “Il est venu chez les siens et le siens ne l’ont pas reçu…” L’Évangile nous fait comprendre qu’il est impossible de fêter Noël sans eux. Si nous voulons le rencontrer et l’accueillir, c’est vers eux qu’il nous faut aller ; il est présent dans celui qui a faim et froid, celui qui est malade et seul, celui qui a perdu ou oublié sa dignité humaine. Vivre Noël c’est aussi accueillir le Christ dans la personne du pauvre et lui donner la place d’honneur.
“Le Verbe était la vraie Lumière qui éclaire tout homme, en venant dans le monde…” Plus tard, Jésus dira : “Je suis la Lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres…” C’est cette lumière que nous recevons en ce jour de Noël. Mais il ne faut pas oublier cette recommandation du Christ : “Gardez vos lampes allumées”. Cette lampe c’est celle de la foi, celle de la prière. En accueillant Jésus et en nous mettant à son écoute, nous apprenons à nous ajuster de plus en plus à l’amour qui est en lui. Avec lui, c’est comme une porte qui s’est ouverte, une lumière nouvelle, une nouvelle manière de regarder la vie.
Aujourd’hui, le Christ rejoint tous ceux et celles qui sont éprouvés par la souffrance, la maladie, le deuil, le chômage, les conflits familiaux… il ne va pas faire un miracle pour résoudre tous ces problèmes. Mais il va nous ouvrir la porte de l’espoir et du courage pour chercher encore. Notre Dieu est un compagnon qui marche avec nous. Parfois même, il nous porte. Et ce qui est extraordinaire c’est que nous pouvons toujours le rejoindre dans la prière. Il est toujours là pour nous aider et nous encourager à pousser des portes entrouvertes.
Nous vivons dans un monde enfermé à double tours, enfermé dans les murs de l’égoïsme, de l’indifférence, du racisme, de la rancune. Mais Noël nous apporte un message d’espérance offert à tous. Nous accueillons dans la joie la visite de Dieu. Elle est pour nous. Accueillons son message d’espérance. Laissons-nous faire par lui. Nous ne le regretterons pas. C’est à ce prix que nous pourrons vivre un bon Noël.
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Noël ne passe jamais inaperçu ! Un jour de fête pour tous ceux qui savent garder un cœur grand ouvert et les yeux émerveillés d’un enfant. Chaque année, pour beaucoup de familles, c’est un moment privilégié pour se rassembler autour d’un événement qui a changé le monde. La magie de Noël !… Pour les chrétiens, Noël c’est avant tout une fête religieuse. Nous y ajoutons une dimension spirituelle. En cette occasion, nous rentrons au plus profond de notre for intérieur pour une rencontre chaleureuse avec Celui qui vient nous sauver.
Mais cette année, Noël a une saveur bien particulière. Noël en temps de pandémie ! La fête en comité restreint…. Pour ceux et celles pour qui Noël est le rendez-vous de toutes les générations, la déception est grande. La crise sanitaire perturbe bien des vies. Noël arrive dans la perspective d’un avenir incertain pour de nombreuses personnes à travers le monde. Beaucoup scrutent le lendemain avec anxiété… Moins festif, Noël de cette année doit nous recentrer sur l’essentiel. Dans un contexte aussi particulier, renouons avec l’esprit originel de cette fête. La Nativité nous met dans l’ambiance de Bethléem autrefois. En ce temps-là, à cette étape de grossesse de Marie, la naissance de Jésus s’annonce. C’est imminent ! Nous imaginons l’inquiétude de Marie et Joseph de ne pas trouver un endroit convenable pour mettre l’Enfant au monde ! L’Évangile nous raconte que Jésus est né dans le dénuement, dans une extrême sobriété ! Marie « mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. » ( Lc 2:7) Jésus est venu dans notre monde dans la plus grande simplicité. Oublions donc la séduction des sirènes d’une réjouissance uniquement festive pour cet événement. Loin de l’agitation et du vacarme, prenons du temps pour entrer dans l’intimité avec Dieu. C’est cet esprit de Noël qui donne un sens véritable à nos festivités. Une fête plus intimiste nous permet de retrouver le calme intérieur pour mieux accueillir Jésus dans notre cœur ! Cette Paix dans l’âme nous ouvre la porte à une interaction plus sincère et plus profonde avec notre entourage. C’est la meilleure manière de fêter Noël avec nos proches ou sereinement avec soi-même. Une bonne disposition pour aborder la vie avec confiance.
Malgré la morosité ambiante et les incertitudes, ne cédons pas à la mélancolie et au repli sur soi. Célébrons Noël avec ferveur sans pour autant renier les saines joies si nous en avons l’opportunité. C’est l’occasion de partager le bonheur avec nos proches et de resserrer les liens entre nous, ou tout simplement en toute tranquillité chez soi. La fête de Noël nous apporte une note de fraîcheur dans l’âme. Une paix intérieure s’offre à nous. Ces instants de sérénité nous aident à reprendre le souffle, à retrouver l’élan pour mieux nous relancer. Apaisés et détendus, nous serons en mesure de voir le côté le plus subtil des choses et de nous élever vers une autre dimension. La qualité de notre disponibilité aux autres s’en trouvera renouvelée. Un art de vivre !… Noël nous invite à prendre du recul pour regarder la vie autrement, à retrouver en nous l’innocence et la spontanéité d’un enfant. La vie s’ouvre avec d’infinies possibilités pour ceux qui ont un cœur grand ouvert sur le monde comme eux. L’avenir n’attend que cette confiance à la vie pour réaliser concrètement nos rêves !
Nous vivons dans un monde où le ‘paraître’ emporte sur l’être en profondeur. La venue effacée de Jésus dans notre monde nous libère de nos folies de grandeur et nous ramène vers une plus grande simplicité. Jésus vient nous apporter le bonheur dans l’ordinaire de la vie. Il est autant dans une simple joie que dans l’euphorie, autant dans la sobriété que dans l’abondance. Il est dans le plus petit geste attentionné, dans la moindre parole aimable envers les autres. Au moment où le manque de liens sociaux se fait plus palpable, où le besoin de se sentir entouré et aimé devient urgent pour la santé morale de tous, partageons la joie de vivre avec ceux qui sont dans le pétrin en ce moment. Un bonjour chaleureux, un sourire aimable… Cela donne du baume au cœur à tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin de vie.
Joyeux Noël à toutes et à tous ! Même si le contexte de cette année ne s’y prête guère. Cependant, le regard que nous choisissons de porter sur la réalité du monde peut changer notre manière d’être. C’est en laissant pénétrer la Lumière au plus profond de notre âme que nous pourrons y voir plus clair et retrouver ce qui est l’essentiel pour notre vie. « Gloire à Dieu au plus des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »
Nguyễn Thế Cường Jacques